Ecology of Deconstruction
Marseille, France. 2019
Chiara Cirron
alexis scholman
Situation actuelle
Ce projet part de l'idée que la ségrégation socio-économique est profondément ancrée dans la façon dont nos villes sont physiquement produites.
Avec ce projet, nous entendons imaginer une économie urbaine alternative dont l'objectif est de préserver et de créer des emplois pour les travailleurs peu qualifiés au sein de la ville de Marseille.
Au cours des dernières décennies, le renouveau de la "ville européenne" s'est accompagné d'une croissance rapide des services et de l'économie de la connaissance poussant les zones productives vers la périphérie de la ville ou vers les pays à bas salaires. A Marseille, cette tendance se matérialise sous le nom d'« Euroméditerranée », un projet de renouvellement urbain qui permet la transition vers l'économie dite post-industrielle, tout en ignorant les conditions réelles du marché du travail local.
Changement conceptuel
Cette nouvelle vague d'urbanisation se lit aussi en termes de flux de matières. Le projet repose conceptuellement sur la reconnaissance de l'énorme potentiel des 300 000 m3 de matériaux démolis produits par le schéma urbain « Euroméditerranée », si on le considère sous un autre angle. En fait, nous croyons que l'environnement bâti est à la fois un objet finit et une ressource naturelle in fine.
Aujourd'hui, l'extraction et la transformation de la matière première nécessitent trois fois plus d'énergie que sa transformation en produit final. Au contraire, cette deuxième phase nécessite trois fois plus de main d'oeuvre que la première.
Suivant cette logique, on cherche à tirer parti de l'énergie incarnée par ces « déchets » pour initier une économie urbaine socialement et écologiquement durable, garante de nouveaux emplois et réduisant les émissions de CO2.
Le projet
Le programme de Félix Pyat, un "Grand Ensemble" central et fortement stigmatisé, menacé par sa proximité de 'Euroméditerranée'- est donc une plateforme de fabrication urbaine pour le réemploi, la réparation et la valorisation des matériaux et éléments issus de la déconstruction des bâtiments et des infrastructures.
Elle se développe comme une coopérative industrielle qui gère et loue ses espaces à des moyennes, petites et micro entreprises désireuses de travailler dans ce domaine. Le projet étudie la relation entre les espaces productifs et remet en question le concept des soi-disant zones industrielles qui se sont développées depuis les années 1950. En utilisant par euphémisme le mot "parc", on privait la ville de ses espaces productifs en les déplaçant à l'extérieur, son périmètre.
Le projet peut être lu comme un parc productif qui a la double ambition de rendre la production à la ville, ainsi que de favoriser une nouvelle relation entre la vie et le travail au sein des zones urbaines. En conclusion, ce type de grands espaces productifs est facile à intégrer dans les configurations spatiales de la ville de Marseille, car les grands espaces publics semi-désaffectés abondent et pourraient créer des opportunités d'emploi pour ses habitants. En ce sens, la plateforme productive de Félix Pyat pourrait être un projet pilote reproductible dans d'autresvilles et ainsi construire un réseau pour une Écologie de la Déconstruction à grande échelle.